Publié le 15 mars 2024

L’inaction climatique n’est pas un manque de volonté, mais le résultat de biais cognitifs que les faits seuls ne peuvent contrer.

  • Notre cerveau est programmé pour rationaliser nos contradictions, comme aimer la nature tout en polluant. C’est la dissonance cognitive.
  • Les images catastrophes ou les graphiques complexes paralysent souvent plus qu’ils n’activent, car ils déclenchent des mécanismes de défense psychologique.

Recommandation : Pour provoquer un vrai déclic, cessez de débattre avec des faits bruts. Apprenez plutôt à « cadrer » le discours écologique pour le connecter aux valeurs profondes, aux traditions et aux émotions de vos interlocuteurs.

Vous avez trié vos déchets, réduit votre consommation de viande et peut-être même participé à une marche pour le climat. Pourtant, lors du souper de famille, la conversation dérape. Un proche se vante de son prochain voyage dans le Sud, un autre balaie l’urgence climatique d’un revers de main. Une frustration familière vous envahit : comment peuvent-ils aimer les paysages du Québec, s’émerveiller devant nos parcs nationaux, et rester si indifférents à ce qui les menace ? Vous vous sentez seul, incompris, et peut-être même un peu désespéré face à l’inertie générale.

L’instinct nous pousse à riposter avec des faits, des chiffres alarmants, des images chocs de la fonte des glaces. On brandit les rapports du GIEC en pensant qu’une dose de vérité suffira à provoquer le fameux « déclic ». Mais le plus souvent, le résultat est inverse : le déni se renforce, la conversation se ferme, et le fossé se creuse. On se heurte à un mur d’indifférence qui semble irrationnel, voire immoral.

Et si le problème n’était pas un manque d’information, mais la façon dont notre cerveau est câblé pour la traiter ? Si l’inaction n’était pas une défaillance morale, mais un mécanisme de protection psychologique ? Cet article propose de changer de lunettes. En tant que psycho-sociologue, nous allons plonger dans les rouages de l’esprit humain pour comprendre les « bugs » cognitifs qui nous empêchent d’agir, même quand nous savons. L’objectif n’est pas de juger, mais de comprendre pour agir plus stratégiquement. Vous découvrirez pourquoi les débats factuels échouent, comment la peur peut être contre-productive, et surtout, comment déjouer ces biais pour devenir un ambassadeur du changement bien plus efficace.

Ce guide vous fournira des clés de compréhension pour analyser les freins psychologiques à l’action, tant chez les autres que chez vous-même. Vous apprendrez à identifier les leviers qui permettent de passer de la prise de conscience à une action durable, enracinée dans la réalité québécoise et humaine.

Le bug dans notre cerveau qui nous fait aimer la nature mais prendre l’avion : la dissonance cognitive expliquée

Le phénomène est courant, presque banal. On passe une fin de semaine au chalet, à admirer le chant du huard sur un lac des Laurentides, et on planifie en même temps des vacances en Europe. Cette contradiction, loin d’être un signe d’hypocrisie, est une manifestation classique de la dissonance cognitive. Ce concept, fondamental en psychologie sociale, décrit l’inconfort mental que nous ressentons lorsque nos croyances (« je dois protéger la planète ») entrent en conflit avec nos actions (« je prends l’avion »). Notre cerveau déteste cet état de tension.

Pour réduire cet inconfort, il a recours à plusieurs stratégies. Plutôt que de changer le comportement le plus difficile (annuler le voyage), il est plus simple de modifier la croyance ou de la rationaliser. On se dira : « ce n’est qu’un vol », « l’avion aurait décollé sans moi », ou « je compense en recyclant ». Ces justifications ne sont pas des mensonges conscients, mais des mécanismes de défense pour maintenir une image de soi cohérente. Le contexte canadien est particulièrement propice à cette dissonance. Notre identité nationale est fortement liée à nos grands espaces et à notre nature sauvage, mais notre économie et notre mode de vie reposent encore largement sur l’exploitation des ressources et des transports longue distance.

Contraste visuel entre la nature sauvage canadienne et l'exploitation des ressources, illustrant la dissonance cognitive.

Ce paradoxe se reflète dans les chiffres. Une analyse montre que les Canadiens figurent parmi les plus grands pollueurs aériens au monde. Selon les données, les Canadiens émettent en moyenne 0,76 tonne de GES par habitant via le transport aérien, nous plaçant au deuxième rang mondial, tandis que les Québécois atteignent 0,65 tonne. Comprendre ce mécanisme est la première étape : blâmer quelqu’un pour sa dissonance cognitive est aussi inefficace que de crier après un ordinateur qui « bogue ». La clé est de rendre l’action désirable plus facile et la justification de l’inaction plus difficile.

Le mythe du « choc des consciences » : pourquoi les images catastrophes ne nous font pas (ou peu) agir

Face à l’inertie, la tentation est grande de vouloir créer un électrochoc. Montrer des ours polaires faméliques, des forêts en flammes, des villes inondées. L’idée semble logique : si les gens voyaient l’ampleur de la catastrophe, ils agiraient. Pourtant, la recherche en psychologie montre que cette stratégie est souvent contre-productive. Un bombardement d’images négatives et anxiogènes peut déclencher ce qu’on appelle le biais de normalité ou l’évitement défensif. Le message est si terrifiant que notre cerveau, pour se protéger, le minimise, le rejette ou le classe comme une fatalité sur laquelle nous n’avons aucun contrôle.

L’expérience des feux de forêt de 2023 au Québec est une illustration parfaite de ce principe. Tant que les images montraient des incendies lointains, en Colombie-Britannique ou en Abitibi, la réaction était de l’ordre de la sympathie distante. Cependant, lorsque la fumée a envahi le ciel de Montréal et que l’odeur de brûlé est devenue une expérience sensorielle directe, l’anxiété a grimpé en flèche. La menace n’était plus une abstraction à la télévision, mais une réalité physique. Cette proximité a provoqué une prise de conscience bien plus aiguë que n’importe quelle image, même si elle ne s’est pas nécessairement traduite par des changements de comportement structurants à long terme.

Le « porno de la peur » climatique crée une impuissance apprise : à force d’être exposé à des problèmes qui semblent insolubles, on finit par croire que nos actions sont inutiles. Le message implicite devient « tout est foutu », ce qui démobilise plus qu’il ne motive. Pour être efficace, la communication doit trouver un équilibre délicat : reconnaître la gravité de la situation, mais surtout se concentrer sur des solutions accessibles, des histoires de succès et un sentiment d’efficacité collective. Il faut passer d’un discours de la menace à un discours de l’opportunité.

Faut-il changer soi-même ou changer le système ? Le grand débat de l’action écologique

C’est le débat qui paralyse tant de conversations et de bonnes volontés. D’un côté, ceux qui prônent la responsabilité individuelle : « Si tout le monde faisait sa part… ». De l’autre, ceux qui rétorquent que les gestes individuels sont une goutte d’eau face aux émissions des multinationales et à l’inaction des gouvernements. Cette opposition binaire est l’un des pièges psychologiques les plus puissants, car elle nous pousse à choisir un camp et à dénigrer l’autre, menant à l’immobilisme. En réalité, l’action individuelle et le changement systémique ne sont pas opposés, mais les deux bouts d’un même levier.

L’action individuelle, même modeste, a une fonction psychologique cruciale : elle renforce notre identité d’acteur du changement et aligne nos actions avec nos valeurs, réduisant ainsi la dissonance cognitive. Commencer par composter ou prendre son vélo crée une cohérence interne qui rend plus probable l’engagement dans des actions de plus grande envergure. Ces gestes deviennent la porte d’entrée vers une conscience plus politisée.

C’est là que le pont vers l’action systémique se crée. Une personne qui fait son épicerie en vrac commence à se demander pourquoi les emballages sont si omniprésents. Un cycliste urbain se met à militer pour plus de pistes cyclables. L’action individuelle nourrit la demande pour un changement de système. Votre pouvoir ne se limite pas à votre portefeuille, il s’étend à votre rôle de citoyen, de parent, de salarié ou de membre d’une communauté. C’est en activant ces différents rôles que l’on peut exercer une pression sur le système.

Plan d’action : cartographier vos leviers d’action citoyenne au Canada

  1. Niveau municipal : Identifiez les conseils de quartier ou les séances du conseil municipal. Votre voix peut influencer directement la gestion des déchets, les infrastructures cyclables ou la protection des espaces verts locaux.
  2. Niveau provincial : Renseignez-vous sur les consultations du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) ou les programmes de subvention comme Rénoclimat. Participer ou en bénéficier, c’est envoyer un signal au gouvernement.
  3. Niveau fédéral : Suivez les débats sur la taxation du carbone et les politiques de transport. Écrire à votre député fédéral sur ces enjeux a plus de poids que vous ne l’imaginez, surtout si le message est personnalisé.
  4. Niveau corporatif : Si vous détenez des actions, même via un fonds commun, informez-vous sur la possibilité de participer aux assemblées d’actionnaires. Questionner les politiques d’investissement dans les énergies fossiles des grandes banques canadiennes est un levier puissant.
  5. Plan d’intégration : Choisissez UN seul de ces niveaux pour commencer. Fixez-vous un objectif simple (ex: assister à une réunion municipale, écrire un courriel à votre député) et réalisez-le dans le mois qui vient.

L’erreur de débattre avec un climato-sceptique : pourquoi vous n’arriverez à rien avec des graphiques

Vous avez préparé vos arguments, vos sources sont impeccables, les graphiques sont clairs. Vous vous lancez dans un débat avec un proche climato-sceptique, certain que la force des faits l’emportera. Vingt minutes plus tard, la discussion est dans l’impasse, chacun campant sur ses positions. Vous avez commis une erreur stratégique fondamentale : vous avez essayé de gagner un débat logique alors que vous étiez sur un terrain identitaire et émotionnel. Pour un sceptique, admettre la réalité du changement climatique peut signifier renoncer à une partie de son identité, de son mode de vie, ou de sa vision du monde (souvent associée à la liberté individuelle face à la régulation étatique).

Le biais de confirmation est ici à son paroxysme : son cerveau va activement rechercher les informations qui confirment sa vision et ignorer ou discréditer celles qui la contredisent. Vos graphiques ne sont pas vus comme des preuves, mais comme des attaques contre son identité. La clé n’est donc pas d’argumenter, mais de connecter. Il faut changer le cadre de la discussion, une technique connue sous le nom de recadrage (framing).

Au lieu de parler de CO2 et de degrés Celsius, parlez de ce qui a de la valeur pour votre interlocuteur. L’approche par les valeurs communes est particulièrement efficace au Québec, où l’attachement au territoire est fort. Un chasseur ou un pêcheur sera peut-être sceptique face aux modèles climatiques, mais il sera très sensible à la dégradation de la forêt où il chasse ou à la diminution du poisson dans le lac où il pêche depuis son enfance. En reliant la protection de l’environnement à la préservation de ses passions et de ses traditions, vous ne l’attaquez plus, vous lui proposez de devenir un allié pour une cause qu’il chérit déjà. L’enjeu n’est plus « sauver la planète » (abstrait) mais « protéger notre terrain de jeu » (concret et personnel).

Cette dissonance entre le discours politique et les incitatifs économiques alimente d’ailleurs le scepticisme. Comme le souligne Pierre-Olivier Pineau, professeur spécialisé en énergie à HEC Montréal :

Ce n’est pas ce qui se passe. On subventionne les aéroports et des billets d’avion à 500$. On devrait plutôt être déjà en train de développer une stratégie ferroviaire.

– Pierre-Olivier Pineau, Le Devoir

Comment faire de vos enfants des amoureux de la nature (sans leur parler de la fin du monde)

Face à l’urgence climatique, beaucoup de parents se demandent comment sensibiliser leurs enfants. Le risque est de leur transmettre notre propre écoanxiété, en leur peignant un futur sombre et angoissant. Or, pour construire une conscience écologique durable, la peur est une mauvaise fondation. La priorité n’est pas d’en faire des militants dès la maternelle, mais de cultiver ce que le biologiste E.O. Wilson appelait la biophilie : un amour inné et profond pour le vivant. Cet attachement émotionnel sera l’ancre la plus solide pour leurs actions futures.

Le Québec, avec sa culture du plein air et du chalet, offre un terrain de jeu exceptionnel pour cela. Il s’agit de transformer le temps passé dans la nature en expériences mémorables et sensorielles. Il ne s’agit pas de donner des leçons de science, mais de susciter l’émerveillement. Une cabane construite avec des branches, l’identification du chant d’un oiseau, la recherche de traces d’animaux dans la neige sont des activités qui créent un lien personnel et affectif bien plus puissant que n’importe quel documentaire sur la déforestation.

Enfants découvrant la nature lors d'une activité au chalet familial québécois, incarnant la biophilie.

Pour les familles urbaines, les occasions ne manquent pas non plus : cultiver des fines herbes sur un balcon, participer aux activités d’organismes comme le GUEPE (Groupe uni des éducateurs-naturalistes et professionnels en environnement) ou simplement explorer un parc de la SEPAQ. L’approche doit être positive et axée sur l’action à leur échelle, comme le fait par exemple la chaîne YouTube L’alternateur, qui propose des solutions concrètes sur un ton décontracté. Il s’agit de leur donner un sentiment de compétence et de pouvoir, pas de leur faire porter le poids du monde. Voici quelques idées concrètes :

  • Construire une cabane en forêt avec des matériaux naturels trouvés sur place.
  • Apprendre à reconnaître le chant du huard et les autres oiseaux typiques du Québec.
  • Identifier les traces d’animaux dans la neige lors des sorties hivernales.
  • Participer aux programmes éducatifs des parcs de la SEPAQ.
  • Visiter les activités du GUEPE (Groupe uni des éducateurs-naturalistes).
  • Cultiver un petit potager ou des fines herbes sur le balcon en milieu urbain.

L’erreur du « tout ou rien » qui vous fait abandonner l’écologie

Vous avez commencé avec les meilleures intentions du monde. Zéro déchet, végétalisme, plus d’avion. Mais la perfection est épuisante. Un oubli de sac réutilisable, une invitation à un barbecue, un voyage de travail incontournable, et la culpabilité s’installe. Le sentiment d’échec est si fort que l’on finit par tout abandonner. C’est le piège du « tout ou rien », une forme de pensée dichotomique qui sabote de nombreux parcours écologiques. Cette vision binaire est nourrie par une certaine pureté militante qui peut être intimidante et contre-productive.

L’écologie n’est pas une religion avec ses saints et ses pécheurs. C’est une pratique, un cheminement. Viser la « cohérence parfaite » est une recette pour l’épuisement et le cynisme. Il est plus stratégique et plus durable d’adopter une approche de « réduction des méfaits » et de viser l’amélioration continue plutôt que la perfection immédiate. Manger végétarien trois jours par semaine est infiniment mieux que de ne rien faire. Choisir le train pour un trajet au lieu de l’avion quand c’est possible est une victoire.

La complexité des enjeux, comme celui de l’aviation, illustre bien ce point. Comme le rappelle Mehran Ebrahimi, directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique, l’aviation commerciale est responsable de 3% à 6% du réchauffement, et si la consommation de kérosène par avion a drastiquement chuté, le trafic a explosé. Le problème est systémique et complexe. Se flageller pour un vol ne résout rien. L’important est d’être conscient de l’impact et de prendre les décisions les plus éclairées possibles dans le contexte qui est le nôtre, sans se laisser paralyser par la quête d’une pureté inatteignable. Célébrer les progrès, même petits, est psychologiquement essentiel pour maintenir la motivation sur le long terme.

Le vrai frein à la croissance durable au Canada n’est pas technologique, il est dans nos têtes

Le Canada, et le Québec en particulier, aime se voir comme un bon élève de la classe climatique, notamment grâce à son hydroélectricité. Cette image, bien que partiellement vraie, masque des contradictions profondes qui révèlent que les plus grands freins sont bien psychologiques et politiques, et non technologiques. C’est le « syndrome du bon élève » : notre performance dans un secteur (l’électricité) nous donne une excuse pour notre inaction dans d’autres.

Le secteur des transports en est l’exemple le plus flagrant. Au Québec, l’électricité est propre, mais elle ne propulse qu’une infime partie de nos véhicules. Résultat : alors qu’on se félicite de nos barrages, les données d’Hydro-Québec révèlent qu’au Québec, 70% des émissions de gaz à effet de serre proviennent du secteur énergétique, principalement des transports. Notre fierté collective pour l’hydroélectricité agit comme un puissant anesthésiant pour notre conscience, nous autorisant à maintenir un statu quo polluant dans nos déplacements.

Cette dissonance cognitive se retrouve au plus haut niveau de nos politiques publiques. Un cas d’école est l’exclusion de l’aviation du marché du carbone québécois (SPEDE) pendant plus de dix ans. Alors que les autobus et les trains, bien moins polluants, étaient soumis à ce système, le transport aérien en était exempté. C’est une illustration parfaite de la manière dont notre cerveau collectif rationalise l’irrationnel : on met en place un système ambitieux, puis on en exclut l’un des secteurs problématiques pour ne pas nuire à sa croissance. C’est un déni institutionnalisé, une version à grande échelle de la petite voix qui nous dit « ce n’est qu’un vol ». Reconnaître ces biais collectifs est essentiel pour exiger des politiques publiques qui soient véritablement cohérentes et non de simples vitrines vertes.

À retenir

  • L’inaction écologique est rarement due à la méchanceté ou l’ignorance, mais à des biais cognitifs (comme la dissonance) qui sont des mécanismes de défense normaux.
  • L’action efficace n’est pas un choix binaire entre « geste individuel » et « changement de système », mais un spectre d’influence qui va du citoyen à l’actionnaire en passant par le parent.
  • Pour convaincre, la stratégie la plus efficace n’est pas de bombarder de faits, mais de trouver un terrain d’entente en connectant l’écologie aux valeurs et aux passions de son interlocuteur.

Vous avez plus de pouvoir que vous ne le pensez : le guide des petits gestes qui font une grande différence pour la planète

Après avoir exploré tous ces freins psychologiques, le découragement pourrait poindre. Mais comprendre ces mécanismes nous donne précisément les clés pour les déjouer et retrouver notre pouvoir d’agir (agency). L’antidote à l’impuissance n’est pas l’optimisme béat, mais l’action stratégique. Il s’agit de déplacer son énergie des gestes purement symboliques vers des actions à « effet de levier ». Ce sont des choix qui, au-delà de leur impact direct, envoient un signal économique, social ou politique qui contribue à faire bouger le système.

Un geste à effet de levier est une action qui soutient une alternative désirable ou qui met la pression sur une structure existante. Choisir une institution financière comme Desjardins ou une caisse populaire, qui réinvestit localement et a des politiques de désinvestissement des énergies fossiles plus claires que les grandes banques, est un geste à fort effet de levier. S’abonner à un panier bio via le réseau des fermiers de famille d’Équiterre ne fait pas que vous nourrir sainement ; cela soutient un modèle agricole alternatif et résilient. Votre pouvoir ne se situe pas seulement dans le « non » (ne pas acheter), mais surtout dans le « oui » (soutenir activement une autre voie).

Même en tant que locataire ou parent, vous avez des leviers. Négocier avec son propriétaire l’installation d’un support à vélos sécurisé, c’est agir sur l’infrastructure de son propre immeuble. Demander plus de repas locaux et végétariens à la cafétéria de l’école, c’est utiliser son pouvoir parental pour influencer la chaîne d’approvisionnement. Voici quelques exemples d’actions à effet de levier particulièrement pertinentes au Québec :

  • Choisir Desjardins ou une caisse populaire plutôt qu’une grande banque finançant massivement les énergies fossiles.
  • S’abonner à un panier bio via le réseau des fermiers de famille d’Équiterre pour soutenir l’agriculture locale.
  • Participer (même juste en ligne) aux consultations publiques du BAPE sur des projets ayant un impact environnemental.
  • Faire réparer ses appareils électroniques ou électroménagers dans un Repair Café local plutôt que de les remplacer.

Pour mettre en pratique ces stratégies, commencez par identifier un seul levier d’action à votre portée et partagez cette analyse avec une personne de votre entourage que vous souhaitez inspirer, non pas par la peur, mais par le pouvoir de l’action constructive.

Rédigé par Amélie Gagnon, Architecte d'intérieur et consultante en bien-être, Amélie Gagnon se consacre depuis 10 ans à la création d'espaces qui allient esthétique et harmonie intérieure. Elle est reconnue pour son approche holistique qui lie l'aménagement de l'habitat à la santé mentale.